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Le patrimoine en pisé de l’agglomération lyonnaise demeure aujourd’hui mal connu. Cette situation est liée d’une part à l’image négative laissée par l’histoire (déboires du pisé lors des inondations au XIXe siècle à Lyon) et d’autre part à la présence systématique d’enduits masquant la maçonnerie de terre.

On pense souvent que le pisé se cantonne aux constructions rurales. Quelques observations attentives dans la plupart des quartiers de l’agglomération lyonnaise laissent soupçonner une toute autre réalité. Il y a en effet beaucoup plus de constructions en pisé (maisons, immeubles, entrepôts, murs de clôtures…) que ce qui est fréquemment admis. Il existe donc un « pisé urbain », avec des constructions parfois très élevées, tel que le montrent certains murs pignons des immeubles canuts qui vont jusqu’à cinq hauts étages.

Cette ignorance est une menace pour le patrimoine en terre. Celui-ci est traité sans prendre en compte ses spécificités, ses forces et ses faiblesses. Cette situation occasionne de nombreuses destructions, des interventions inappropriées, voire des sinistres qui entretiennent une image négative de ce matériau.

En quelques décennies, dans certains quartiers de la rive gauche du Rhône, ce patrimoine a déjà pratiquement disparu. C’est un pan majeur de l’histoire urbaine de la ville qui disparaît en silence. Une histoire extraordinaire, jalonnée de personnages illustres, aujourd’hui méconnus, qui ont rationalisé les techniques de constructions en pisé et lui ont donné un rayonnement parfois international. Une histoire qui montre que des quartiers entiers d’une grande ville ont pu être construits avec la terre que les habitants avaient sous leurs pieds.

Cette situation nous ferait oublier que le pisé est un matériau écologique exceptionnel : il est durable, solide, sain, nécessite peu d’énergie pour sa mise en œuvre et possède des propriétés hygrothermiques remarquables.

Il devient donc urgent de mieux connaître, valoriser et pérenniser le patrimoine en pisé de l’agglomération lyonnaise.

L’inventaire participatif est coordonné par l’architecte Emmanuel Mille. Il entreprend des recherches sur le patrimoine en pisé de l’agglomération lyonnaise dans le cadre du DSA « architecture de terre » (Ecole Nationale Supérieure d’Architecture de Grenoble, Laboratoire CRAterre). Ce projet expérimental et innovant est mis en œuvre par le Musée des Confluences (Catherine Bodet et Maxime Antremont) dans le cadre de l’exposition « Ma terre première pour construire demain » (23 février- 17 juillet 2016). Il est réalisé avec le concours du laboratoire « Environnement-Ville-Société » (Anne-Sophie Clémençon, CNRS, ENS de Lyon), et du service de l’Inventaire général du patrimoine culturel de la région Auvergne-Rhône-Alpes (Magali Delavenne), qui apportent leur connaissance du contexte local et leur expertise méthodologique. Il est soutenu par la Métropole de Lyon, la Ville de Lyon, le laboratoire CRAterre-ENSAG, l’association Patrimoine Aurhalpin, et le CAUE Rhône Métropole.