L’inventaire participatif

Qu’est-ce que le pisé ?

Le pisé est une technique de construction où les murs porteurs sont faits d’un matériau compacté dans un coffrage. Le mot pisé vient du latin « pinsare » qui veut dire « piler », « broyer », « tasser », en référence à l’utilisation d’un pilon de bois, la fistuca, pour compacter les sols et les fondations des édifices.

Principe de construction d’un mur en pisé (© CRAterre-Arnaud Misse).
Principe de construction d’un mur en pisé (© CRAterre-Arnaud Misse).

Le pisé est traditionnellement réalisé avec de la terre argileuse, riche en sable et graviers. Après son extraction sur le site, la terre est débarrassée de ses plus gros cailloux, humidifiée, puis déposée en couches épaisses (15 à 20 cm) dans des coffrages (ou banches), traditionnellement en bois. Chaque couche de terre est ensuite compactée à la main avec un pilon en bois, le « pisoir », et ramenée ainsi à moitié d’épaisseur (7 à 10 cm). Cette technique traditionnelle nécessite donc peu d’outillage mais demande beaucoup de main d’œuvre.

De nos jours, l’utilisation de moyens plus sophistiqués (compresseur pneumatique, malaxage et levage mécaniques, coffrages métalliques) permet de construire plus rapidement.

Aux XIXe et XXe siècle la technique du pisé a été utilisée avec d’autres matériaux non naturels, plus résistants à l’eau (pisés dits « de mâchefer » et premiers bétons).

La connaissance du patrimoine en terre crue dans l’agglomération lyonnaise nécessite la réalisation d’un inventaire. Dans quels quartiers rencontre-t-on du pisé ? Pour quels types de constructions ?

Quelques inventaires et observations ont déjà été entrepris. En 1981-1983, Dominique Bertin et Anne-Sophie Clémençon, avec la collaboration de Domar Idrissi, rédigeaient un rapport pour le Ministère de l’Urbanisme et du Logement. Depuis 1999, l’inventaire général du patrimoine culturel de la ville de Lyon, entrepris par la Région et la Ville, a permis de repérer et de signaler un grand nombre d’édifices en pisé. En 2012, Dorothée Alex, alors étudiante à l’Ecole d’Architecture de Lyon, réalisait d’autres repérages qui ont fait l’objet d’une publication.

Ces différents repérages, réalisés depuis l’extérieur des bâtiments, sont limités par la présence quasi systématique d’enduits masquant le pisé. De plus, ils ne permettent pas de qualifier les murs mitoyens (séparation entre deux bâtiments) ou de refends (séparation à l’intérieur d’un bâtiment), qui peuvent être potentiellement en pisé alors que les façades sont plutôt en pierre.

Bâtiment en pisé enduit et décoré, quartier Saint Just, Lyon 5e (photographie : Sébastien Moriset).
Bâtiment en pisé enduit et décoré, quartier Saint Just, Lyon 5e (photographie : Sébastien Moriset).

Ainsi, la collaboration de tous est essentielle pour connaître plus précisément l’architecture de terre dans l’agglomération lyonnaise ; d’où l’idée d’un inventaire participatif. Les habitants, et plus largement toutes les personnes qui ont une bonne connaissance des bâtiments qu’ils fréquentent au quotidien, sont invités à remplir un questionnaire pour repérer les constructions en pisé. L’objectif est double : enrichir la connaissance de ce patrimoine et créer une dynamique permettant sa valorisation.

Ce projet d’inventaire participatif est initié et coordonné par Emmanuel Mille. Après avoir travaillé pendant huit ans dans des agences pour la restauration du patrimoine, ce jeune architecte lyonnais suit actuellement une formation de spécialisation de deux ans auprès du laboratoire CRAterre sur l’architecture en terre crue. Il réalise dans ce cadre un mémoire de recherche portant sur le patrimoine en pisé dans l’agglomération lyonnaise.

Ce projet expérimental et innovant a retenu l’attention du Musée des Confluences qui a décidé de le mettre en œuvre dans le cadre de l’exposition « Ma terre première pour construire demain » (23 février- 17 juillet 2016).

Le Musée des Confluences, musée de sciences et sociétés, participe à des programmes de recherche et de développement territoriaux liés à des questionnements contemporains. Encourageant la recherche participative comme mode de production des savoirs, il sollicite les publics qui, par leur participation commune, co-construisent de nouvelles connaissances scientifiques. Il crée ainsi un espace de dialogue et d’action entre les citoyens et les chercheurs visant à partager les connaissances et fournissant informations, outils et méthodes.

Réalisé par le Musée des Confluences, le site internet dédié à l’inventaire participatif du pisé lyonnais a été lancé le 18 février 2016. Il est opérationnel pour toute la durée de l’exposition et accessible à tous.

Les données recueillies lors de l’inventaire participatif seront analysées par des chercheurs des institutions partenaires. A terme, les fruits de ces recherches seront présentés au public sous forme de conférences, d’expositions ou de publications. De telles actions permettront de faire reconnaître l’ampleur, la qualité et la diversité du patrimoine en pisé de l’agglomération lyonnaise.

Ce projet a été réalisé avec le concours du laboratoire « Environnement-Ville-Société » (Anne-Sophie Clémençon, CNRS, ENS de Lyon), et du service de l’Inventaire général du patrimoine culturel de la région Auvergne-Rhône-Alpes (Magali Delavenne), qui ont apporté leur connaissance du contexte local et leur expertise méthodologique.

L’inventaire participatif est soutenu par la Métropole de Lyon, la Ville de Lyon, le laboratoire CRAterre-ENSAG et l’association Patrimoine Aurhalpin.

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