Mâchefer et premiers bétons

Vue de l’hôtel de ville de Villeurbanne, Robert Leroux Architecte, inauguré en 1934 (archives municipales de Villeurbanne).

Détail d’une maçonnerie de mâchefer (Lyon 3e, photographie Emmanuel Mille).
Bâtiment industriel en maçonneries de mâchefer et de béton maigre (agglomération lyonnaise, 1981, photographie Anne-Sophie Clémençon, ENS).
Détail d’une maçonnerie de béton maigre (Caluire, photographie Emmanuel Mille).

A partir des années 1850, l’apparition de matériaux industriels comme le mâchefer (résidu de combustion de la houille) ou le ciment révolutionnent la construction en pisé.
Le mâchefer est mélangé avec du ciment ou de la chaux. Des bétons maigres, formés de cailloux, sable et ciment voient également le jour.
Leur mise en œuvre est similaire à celle du pisé de terre : le mélange est humidifié, placé dans les coffrages entre les deux banches et tassé avec un pisoir. Ce sont donc les mêmes maçons, avec les mêmes outils et les mêmes gestes qui réalisaient ces nouveaux types de pisés en mâchefer et en béton. C’est pourquoi il est fréquent d’observer des constructions mixtes avec des parties en mâchefer ou en béton (soubassements ou façade principale par exemple) et d’autres parties en pisé de terre.
Ces nouveaux pisés étant beaucoup plus résistants à l’eau que le pisé de terre, ils reçurent un grand succès, notamment après les inondations catastrophiques de 1840 et 1856 qui détruisirent des centaines de maisons en terre sur la rive gauche du Rhône.
Ces nouveaux matériaux pisés ont connu un développement considérable dans l’agglomération lyonnaise et ont été utilisés par les plus grands architectes : Tony Garnier (quartier des Etats Unis, Hôpital de Grange Blanche), Robert Leroux (Hôtel de Ville de Villeurbanne), Michel Roux-Spitz (théâtre de la Croix Rousse). Avec la raréfaction du mâchefer et l’avènement du béton armé, les maçonneries de mâchefer et de béton maigre ont cessé d’être utilisées dans les années 1950.
Si les appellations « pisé de mâchefer » et « pisé de béton » ont parfois été employés, le « pisé » renvoie encore aujourd’hui à la technique originale de la terre compactée en coffrage.

Enduits et décors

Détail de décors en pierre factice (chaînage d’angle et encadrement de baies) d’une maison du quartier de la Guillotière, Lyon 7e (photographie Anne-Sophie Clémençon, ENS, 1981).

Vues de deux bâtiments en pisé ; l’un est laissé brut, l’autre est décoré de pierre factice, dessins de François Cointeraux (1740-1830), extraits de son ouvrage L’école d’architecture rurale (Paris, 1790). Archives CRAterre.
Bâtiment en pisé non enduit, Quartier Saint-Rambert, Lyon 9e (photographie Emmanuel Mille).
Bâtiment en pisé enduits du quartier Saint Just, Lyon 5e (photographie : Sébastien Moriset).

Bâtiment en pisé enduit et décoré, quartier Saint Just, Lyon 5e (photographie : Sébastien Moriset).

L’architecture lyonnaise a une grande tradition de maçonnerie enduite, quels que soient les supports (moellons de pierre, pisé ou mâchefer). C’est pourquoi il est rare d’observer en ville du pisé non enduit, contrairement au patrimoine rural.
Ces enduits, traditionnellement à la chaux, sont souvent simples et monochromes. Parfois, l’utilisation de la polychromie, voire l’inclusion d’éléments en relief, imitent les chaînages d’angle ou les décors de façades en pierre de taille : encadrements de fenêtres, corniches…

Différentes terres à pisé

Granulométrie d’une terre à pisé montrant la proportion et la taille des différents grains qui la composent (© CRAterre-Arnaud Misse).
Granulométrie d’une terre à pisé montrant la proportion et la taille des différents grains qui la composent (© CRAterre-Arnaud Misse).

Détail d’un pisé dont la terre provient de moraines glacières (quartier Bissardon à Caluire, photographie Emmanuel Mille).
Détail d’un pisé dont la terre provient de moraines glacières (quartier Bissardon à Caluire, photographie Emmanuel Mille).
Détail d’un pisé dont la terre provient de dépôts alluvionnaires du Rhône (quartier Saint-Jean, Villeurbanne, photographie Emmanuel Mille).
Détail d’un pisé dont la terre provient de dépôts alluvionnaires du Rhône (quartier Saint-Jean, Villeurbanne, photographie Emmanuel Mille).

Détail d’un pisé dont la terre provient de dépôts glaciaires éoliens, le lœss (plateau de la Croix-Rousse, Lyon 4e, photographie Emmanuel Mille).
Détail d’un pisé dont la terre provient de dépôts glaciaires éoliens, le lœss (plateau de la Croix-Rousse, Lyon 4e, photographie Emmanuel Mille).

Tous les pisés ne se ressemblent pas : leurs couleurs, leurs mises en œuvre ou leurs granulométries (taille et quantité des grains constituant la terre) varient suivant les constructions et leur localisation.
Ces différences sont liées à la diversité des terres à bâtir à Lyon.
Ces terres proviennent de moraines glaciaires. Ce sont des couches d’argile, de sable, de graviers et de cailloux laissés par les glaciers qui couvraient la région lors de la dernière époque glaciaire.
D’épaisses couches de moraines couvrent encore largement les parties hautes de la ville (Croix-Rousse et Fourvière). Elles forment une terre de couleur ocre, jaune ou brune, qui présente de nombreux cailloux (galets) dont certains font plusieurs centimètres de diamètre.
Également sur les hauteurs et les balmes se trouvent des lentilles de lœss, matériau très fin de couleur ocre, composé de grains de taille microscopique (limons et argiles), issus d’anciennes moraines et déposés par le vent.
Plus proche des fleuves, les moraines ont été mélangées à des dépôts alluviaux donnant une terre de couleur grise ou jaunâtre.
Cette diversité des terres est visible dans le patrimoine en pisé de l’agglomération lyonnaise. Suivant les quartiers, les pisés présentent de grandes variétés de couleur, de texture, de taille et de répartition des grains.
Ces terres ne présentent pas toutes les mêmes qualités constructives. C’est pourquoi le maçon adaptait la mise en œuvre du pisé en fonction de la matière utilisée.

Informations complémentaires


Avez vous des informations sur l’historique de la construction ? Si oui, inscrivez les ici :

Ces informations peuvent concerner par exemple : la date de construction ou de modifications importantes, les noms des constructeurs (architecte, maçon…), les noms des commanditaires, des anecdotes ou faits divers liés au bâtiment…



Quel lien avez-vous avec le bâtiment ?



 


Êtes vous (ou votre entreprise) propriétaire ou locataire de tout ou partie de la construction ?




Comment vivez-vous la présence du pisé ?



La construction a-t-elle fait l’objet de travaux ou de modifications qui concernaient le pisé de terre dans un passé plus ou moins récent ?




Ces travaux ont-ils été réalisés par des professionnels ?



Quelle était la nature des travaux ? Plusieurs choix possibles









Pourquoi le bâtiment a-t-il été détruit ?


Le chantier a-t-il été confronté à des difficultés liées à la présence du pisé de terre ?



Cette construction va-t-elle faire prochainement l’objet de travaux ?




Ces travaux vont-ils être réalisés par des professionnels ?







Quelle est la nature des travaux prévus ? Plusieurs choix possibles






Pourquoi le bâtiment doit-il être détruit ?


Le bâtiment est-il géré par une régie immobilière ?


Provenance de la terre

La terre a bâtir ne doit pas être confondue avec la terre végétale (photographie : Sébastien Moriset).

« La terre sur laquelle nous marchons journellement peut se convertir en matières propres à bâtir, pour ériger, même les plus grands monuments »
François Cointeraux, Du Nouveau Pisé, 1806, p.3.

La terre utilisée pour la construction en pisé dans la région lyonnaise est essentiellement un mélange sablo-argileux d’origine glaciaire (moraines). Afin de limiter les transports inutiles et coûteux, la terre à bâtir était traditionnellement extraite du sous-sol à proximité du lieu de la construction.
C’est donc la terre « sous nos pieds », dont parle Cointeraux, qui sert à construire.
A la campagne, ce matériau est facile d’accès : il suffit de décaper la fine couche de terre végétale pour en disposer en abondance.
En ville, les surfaces bitumées nous font oublier qu’il y a aussi de la terre à bâtir sous nos pieds. Du fait de la taille réduite des parcelles urbaines, la terre provenait le plus souvent directement des excavations liées la construction des bâtiments (fondations, caves).

Technique du pisé

Page : Inventaire

Le pisé est une technique de construction où les murs porteurs sont faits d’un matériau compacté dans un coffrage. Le mot pisé vient du latin « pinsare » qui veut dire « piler », « broyer », « tasser », en référence à l’utilisation d’un pilon de bois, la fistuca, pour compacter les sols et les fondations des édifices.

Le pisé est traditionnellement réalisé avec de la terre argileuse, riche en sable et graviers. Après son extraction sur le site, la terre est débarrassée de ses plus gros cailloux, humidifiée, puis déposée en couches épaisses (15 à 20 cm) dans des coffrages (ou banches), traditionnellement en bois. Chaque couche de terre est ensuite compactée à la main avec un pilon en bois, le « pisoir », et ramenée ainsi à moitié d’épaisseur (7 à 10 cm). Cette technique traditionnelle nécessite donc peu d’outillage mais demande beaucoup de main d’œuvre.

De nos jours, l’utilisation de moyens plus sophistiqués (compresseur pneumatique, malaxage et levage mécaniques, coffrages métalliques) permet de construire plus rapidement.

Aux XIXe et XXe siècle la technique du pisé a été utilisée avec d’autres matériaux non naturels, plus résistants à l’eau (pisés dits « de mâchefer » et premiers bétons).

Principe de construction d’un mur en pisé (© CRAterre-Arnaud Misse).

Détail d’une façade de maison en pisé à Caluire (Photographie Emmanuel Mille).

Détail d’un pisoir en bois (photographie Mathilde Béguin).

Vue d’un chantier de pisé dans la région Rhône Alpes au tournant du début du XXe siècle (archive CRAterre).

Règlement

Page : Questionnaire

REGLEMENT DE PARTICIPATION
Inventaire participatif pour l’étude du pisé à Lyon et dans sa banlieue proche
MA TERRE PREMIERE POUR CONSTRUIRE DEMAIN

En répondant au questionnaire de participation à l’inventaire pour l’étude du pisé à Lyon et dans sa banlieue proche, je m’engage à respecter et à me conformer aux conditions du présent règlement ainsi qu’aux conditions générales du site web hébergeant cet inventaire.

 

1/ ELIGIBILITE

L’inventaire participatif (ci-après « l’inventaire ») est ouvert à toute personne, quel que soit son territoire de résidence, âgé de plus de 16 ans au moment de sa participation. Les participants de moins de 16 ans déclarent avoir reçu l’autorisation de leurs parents pour participer à l’inventaire.
Les participants déclarent n’avoir conclu aucun accord avec des tierces parties susceptibles d’entraver les droits de l’organisateur à utiliser sa participation.

2/ MODALITES DE PARTICIPATION

2.1 Données personnelles :

Tout participant doit fournir des informations correctes, complètes et actualisées lors de sa participation au concours, en conformité avec les droits de toute autre personne et entité, avec le présent règlement et les règles d’usage du site web.
L’organisateur peut demander au participant de fournir la preuve de son identité et de son inscription légale au domicile qu’il a indiqué lors de sa participation à l’inventaire. Tout refus de communiquer ses données personnelles entraîne l’inutilisation des données recueillies.
Les informations (coordonnées et données personnelles du participant, adresse et photographies du bâtiment en pisé liées ou non à la carte interactive) sont recueillies exclusivement par l’organisateur. Elles font l’objet d’un traitement informatique et sont destinées à être exploitées dans le cadre d’une étude scientifique sur le pisé en région Lyonnaise par l’organisateur et ses partenaires sur le sujet ; à des fins de gestion de la plateforme ; de l’inventaire et de l’étude en découlant ; conformément à la charte de confidentialité de l’organisateur,  au règlement spécifique et à l’accord exprès du participant. A son issue, l’étude fera l’objet de publications scientifiques et sera intégrée au sein de l’exposition organisée par l’organisateur. Le destinataire exclusif des données est l’organisateur.
Conformément à la loi « informatique et libertés » du 6 janvier 1978 modifiée en 2004, le participant bénéficie d’un droit d’accès et de rectification aux informations qui le concernent, qu’il peut exercer en s’adressant à contact@patrimoineaurhalpin.org. Le participant peut également, pour des motifs légitimes, s’opposer au traitement des données qui le concernent.

2.2 Droits de propriété intellectuelle, droit à l’image et respect de la vie privée :

Tout participant certifie que sa participation est personnelle, que la photographie qu’il fournit est son œuvre personnelle et exclusive, et que toutes les ressources ou données utilisées aux fins de ladite participation ne constituent pas et ne constitueront jamais une infraction aux droits moraux, droits de propriété intellectuelle et autres droits d’un tiers.
Aucun droit de propriété intellectuelle ne naît de la participation à l’inventaire, du fait de remplir le questionnaire ou de fournir une photographie et de l’épingler sur la carte interactive. Les données transmises ont valeur d’information scientifique. La participation n’ouvre aucun droit sur l’image du bâtiment photographié.
Au titre du respect des droits d’auteur, il est demandé au participant de mettre tous les moyens en œuvre pour mentionner le nom de l’architecte du bâtiment photographié, dans la mesure où cette information est susceptible d’être connue.
Par ailleurs, au titre du respect du droit à l’image que détient un propriétaire sur son bien, et du respect de la vie privée d’autrui, il est recommandé au participant :
de demander l’autorisation au propriétaire de l’immeuble en pisé préalablement à la diffusion de toute photographie de sa part ;
d’être vigilant au respect de la vie privée des habitants de ces bâtiments, et notamment de flouter le visage de toute personne qui apparaît clairement sur la photographie ;
de limiter les photographies intérieures à des vues de chantier ou des détails, et notamment de ne pas montrer de situations, aménagements ou objets qui porteraient atteinte à la vie privée des occupants.
L’organisateur se réserve le droit d’appliquer lui-même ces recommandations avant toute publication.

2.3 Utilisation des résultats

La participation à l’inventaire n’entraîne pas de droit à sa publication. L’organisateur conserve un droit de réserve scientifique, et reste seul juge de l’opportunité de la publication des résultats. Il se réserve le droit de retirer les contenus litigieux, ou les contenus émanant de participations qui contreviendraient au présent règlement.

3/ DUREE

Cet inventaire commence le 18/02/2016, et se termine le 31/12/2018. Une autre campagne de recueil de résultats pourra être programmée ultérieurement pour compléter la présente enquête.
L’organisateur se réserve le droit d’annuler, de modifier ou de prolonger l’inventaire pour des raisons scientifiques, ou en cas de force majeure, à tout moment, sans préavis et sans que cela ouvre droit au versement de dommages et intérêts.

4/ PROPRIETE DES DONNEES

Une fois validée, chaque participation et tous les documents s’y rapportant deviennent la propriété exclusive de l’organisateur. Le participant cède par les présentes l’ensemble de ces informations à l’organisateur. Ces données sont stockées sur la plateforme www.patrimoine-terre-lyonnais.patrimoineaurhalpin.org.
Elles sont collectées, triées, et analysées par l’organisateur. Les résultats issus de cette étude pourront être utilisés dans des contenus scientifiques par l’organisateur et ses partenaires scientifiques (chercheurs de CRAterre, d’EVS et du service de l’inventaire général du patrimoine de la Région Auvergne-Rhône-Alpes), pour toute publication, dans le cadre de ses expositions, et conservées dans ses archives.
A l’issue de l’inventaire participatif, les données seront reversées aux partenaires scientifiques du projet et feront l’objet du même type de traitement.

5/ PROMOTION DE L’INVENTAIRE

Le participant autorise l’organisateur à utiliser gratuitement les coordonnées personnelles qu’il lui a fournies, ainsi que les photos et tout renseignement donné par lui en tant que participant, pour des actions de promotion en lien avec l’inventaire, dans le cadre de l’annonce des résultats de l’inventaire dans les médias, la presse, y compris la radio, télévision et internet, les revues scientifiques, d’une exposition, de colloques, de rendez-vous scientifique, et de tout évènement en lien direct avec l’inventaire.
A la demande de l’organisateur, le participant pourra être invité à participer à des actions de collaboration scientifique et de promotion de l’étude, sans que cela n’ouvre droit à rémunération.

6/ RECLAMATION, ATTRIBUTION DE COMPETENCE ET RESPONSABILITE

Toute question, réclamation ou remarque concernant l’étude peut être adressée à contact@patrimoineaurhalpin.org .
Tout litige fait l’objet d’un règlement préalable à l’amiable, qui, s’il n’aboutit pas, sera porté devant les tribunaux compétents de Lyon.
L’organisateur ne saurait être tenu responsable de tout acte ou manquement des participants, émanant ou non de leur participation à l’inventaire. L’organisateur n’est pas responsable de la perte ou non-réception des données.